Un circuit d'une semaine en raquette dans les montagnes scandinaves entre la Norvège et la Suède
Il n'y a pas de pointillés sur les montagnes pour délimiter les frontières ni de douanier pour réclamer les papiers.
Il faut absolument essayer le sauna, c'est génial après avoir passé une journée complète à marcher en raquette dans la neige
Les refuges de montagnes sont très grand vis à vis des refuges Français.
Recit de Celine
A une centaine de kilomètre du fjord de TRONDHEIM, à cheval sur la SUEDE et la NORVEGE, l'imposant massif de SYLARNA offre une palette complète de paysages scandinaves . forêts de bouleaux, hautes vallées et plateaux désertiques, cirques glaciaires.
C'est raquettes aux pieds et sacs sur le dos que nous partons sur les contreforts des deux joyaux du JÂMTLAND, le HELAGSFJALLET (1797m) et le SYLTOPPEN (1743m).
Nous sommes 10 de la région parisienne mais aussi de Montauban et d'Orléans plein de bonne humeur et d'envie de découvrir le monde scandinave, à nous retrouver à l'aéroport de Roissy CDG ce samedi 14 Mars. Trois heures de vol nous permettent d'atteindre TRONDHEIM où nous attend notre guide, grand chef spirituel de la raquette: PASCAL. Ce n'est qu’à une centaine de kilomètres de là, dans une station Suédoise du massif de SYLARNA, STORVALLEN (730m), que nous posons nos sacs.
Le petit gîte au mobilier en pin, avec son sauna, le paysage blanc qui déploie ses vallées à perte de vue -. il n'y a pas de doute, nous sommes en SUEDE. Et pour ceux qui en doute encore, les premiers repas pris ne trompent pas ! Le plus dur n'est pas d'avaler l'ÂRSTOPPA (soupe traditionnelle à base de pois) ni même les EDAMSUGARSI (desserts verts et bruns en patte d'amande alcoolisée) mais le GLÜT (Avoine servi au petit déjeuner ayant la consistance de colle à papiers EUGENIE).
Raquettes aux pieds, emmitouflés dans nos pulls et coupe-vent et nos affaires de la semaine sur le dos, nous voilà prêts à affronter le vent et la neige pour rejoindre le refuge de BLÄHAMMAREN Fjällstation (1163m) à 12 Km de là. Si l'on me demandais comment c'était, le premier mot qui me viendrait à l'esprit serait " Mouillé " . EUGENIE vous ressortirait son cri du cœur . " Laissez moi sur place je veux mourir ! " et SANDRINE vous regarderait droit dans les yeux en vous répondant " Horrible ! ". Mais tout n'était pas si noir. C'était le bon temps pour CLAIRE qui était encore en harmonie avec ses jambes et d'une façon générale pour tout le groupe qui n'avait pas encore rencontré la tempête.
Et puis nous n'étions pas les seuls à en ch---. Notre guide aux jambes de sauterelles s'apparentait, ici, plus à une bête de somme qu'a un insecte léger. Les dents serrées, le front perlant de sueur, il trainait courageusement la poulka dans laquelle notre GLÜT était stocké (merci PASCAL). Que serions-nous devenus sans ce mets si rare (heureusement inconnu de tous les autres peuples du monde) ?
NICOLAS et LIONEL n'auraient pas survécu et nous aurions été contraints d'imiter le cri du flocon d'avoine dans le lait reconstitué pour qu'ANNIE ne déprime pas.
Fort heureusement, aucun de nous ne mourut et le GLÜT arriva à destination. Quel joie d'apercevoir perché sur la montagne, la station de BLÄHAMMAREN. Notre refuge est en bois peint de couleur brique aux fenêtres bordées de blanc et ornées de stalactites.
Une lingerie surchauffée nous permet de faire sécher nos vêtements et tout est pensé pour notre confort. Même les toilettes (à la romaine) dans leur petit cabanon à l'écart, dégagent une effluve suffisamment forte pour nous conduire, véritable fil d'Ariane, vers ce lieu de soulagement
Nous passons la nuit ainsi douillettement installés et le ventre rempli de bonnes choses ([KULBOULARDS] = boulettes de viande),
Pas de poulka, pas de sacs à dos ou juste le minimum (pulls et repas de midi), légers, c'est ainsi que nous partons ce lundi matin pour une randonnée de 15km qui nous ramènera à BLÄHAMMAREN. Les sourires cachés par les écharpes illuminent les visages aux nez rougis par le vent glacé. Nous sommes de bonne humeur d'autant plus que selon PA5CAL : " C'est pas long et ça descend ". Ce ne fut pas long en effet mais après la descente, il fallu remonter (rien de comparable cependant au premier jour
Comme la veille, notre repas du midi pris dans une petite cabane en bois amarrée par des câbles, se compose de sandwichs de pain blanc fourré au fromage et au salami. C'est bon le salami et le fromage ! (C'est bon le 1", 2"' jour. Le 3"' jour et au-delà, c'est déjà nettement moins bon !)
Non loin de là, des abris creusés dans la neige nous offrent le temps d’une photo un décor surprenant. De retour au gîte, une bonne douche chaude décontracte nos muscles d’athlètes et nous dégustons de bon cœur de la saucisse ( de type pour chien) grillée avec du riz. L’atmosphère chaleureuse délie les langues (dont celle d’Eugenie de Sandrine et de Lionel et à moindre mesure la mienne puisque j’étais brimée ! ! !)
C'est dans la bonne humeur générale que nous passons cette soirée suédoise et nous nous endormons lovés dans nos sacs à viande (bientôt " Sacs à poisson "PASCAL). La nuit nous emporte et les premiers ronflements se font entendre.
Aujourd'hui une longue étape nous attend. Le réveil est plutôt difficile et les quelques gouttes d'eau qui filtrent à travers les lattes de bois du plafond n'arrivent pas tous à nous tirer du lit. CLAIRE (de Montauban) est la première comme tous les matins à se lever. Elle a déià fait pipi et 3 fois le tour du refuge pour évaluer la qualité de la neige et la force du vent lorsque nous émergeons de nos lits. Une assiette de GLÜT (3 pour ANNIE) pour colmater l'estomac, une douche pour NICOLA5 et nous sommes prêts à avaler les 19 Km qui nous séparent de SYLARNA FJÂLLSTATION (1100m).
Nous chaussons nos raquettes qui font tant rire les scandinaves puisqu'ici on ne voit pas l'intérêt de ces engins, le temps d'une photo et le cortège s'ébranle dans les bourrasques glacées. Deux heures durant, nous progressons à pas lents, en colonne de fourmis, sans rien voir du paysage. PASCAL harnaché de sa poulka nous lance : " C'est pas loin et ça descend ! ". C'est transis de froid que nous nous réfugions dans la cabane qui nous abritera le temps du pique-nique. Surprise, ce midi nous mangeons des sandwichs de salami et de fromage .... quelle bonne idée ! Nous nous réchauffons avec du thé et quelques blagues avant de reprendre la marche.
Au loin, de l'autre cotée de la vallée, droit devant, à quelques kilomètres, SYLARNA. La ligne droite étant le plus court chemin d'un point à un autre, NICOLAS et moi décidons, avec l'autorisation du Grand Maître, de couper par le vallon. Le reste du groupe s'éloigne en désordre sur la trace balisée par les croix rouges. Nous nous retrouvons un peu plus d'une heure après dans un petit refuge situé à 2 km de SYLARNA. Nos sacs à dos dehors pour prévenir de notre présence, nous nous installons à l'intérieur et attendons nos compatriotes. La tempête se lève lorsque les derniers membres du groupe atteignent la cabane. Nous sommes tous fatigués et les jambes de CLAIRE (de Paris) ont décidé de faire grève (ça doit être une allergie aigu au GLÜT ou un des nombreux effets secondaires!).
C'est à ce moment-là je crois, que nous avons mesuré à quel point nous étions MASOS. payer pour être transformés en stalagmites, il faut être givrés ! C'est a ce moment-la' aussi je crois, que j'ai mesuré la qualité humaine de tous ceux qui m'entouraient.
Nous reprenons la route et les 2 derniers kilomètres s'étirent interminablement sous nos pas. Chacun à son rythme, nous atteignons tant bien que mal le refuge de SYLARNA. Le contraste est frappant ; d'un environnement hostile et agressif, nous passons au confort doux et feutré d'un intérieur scandinave. Un grand salon au mobilier en pin et aux lumières tamisées nous offre le confort de ses canapés. Le crépitement du feu dans la cheminé et le tic-tac de la veille horloge au bois orné de dessins colorés nous bercent amicalement. A la table d'à côté 5 vieux Vikings discutent devant une bière Vous avez vu les français ?, ils sont venus en raquettes ! ? ! ? Et alors, nous innovons c'est tout!
La nuit durant, des bourrasques ont secouées la région et la neige s'est accumulée en congères de plus de l m de hauteur. La tempête est toujours là quand nous nous réveillons. Devant notre GLÜT (dont la recette a été légèrement modifiée pour le rendre plus " déglutissable", nous considérons gravement la situation. Pouvons-nous partir aujourd'hui ? Les yeux sont cernés et ce matin nous avons un peu moins d'humour (mais toujours de la répartie), Par souci de prudence nous choisissons finalement de faire relâche. La journée se passe donc entre sauna (que l'on prend nu, n'est-ce pas!), parties de Tarots, puzzle, discussions...
EUGENIE, SANDRINE, CLAIRE (du sud) et moi se risquons à mettre le nez dehors "histoire de voir". Cinq minutes dans les tourbillons de neige à rire et grelotter nous suffisent. Nous rentrons réfrigérées mais heureuses.
Nous appréhendons cette étape. Bien que PA5CAL nous répète que " C'est pas long et ça descend ", nous savons qu'il nous faudra parcourir une vingtaine de kilomètres pour atteindre la plus grande station de la région STORULVÂN. Le ciel est lourd de neige et le vent ne se décide pas à faiblir. Heureusement les douleurs musculaires de CLAIRE se sont un peu estompées à force de massages.
Un peu à contre cœur, nous chaussons nos raquettes vertes et nous engageons sur la piste balisée. En silence nous progressons lentement dans la neige. Sans que nous nous en apercevions, le vent à sensiblement diminué. Quelques rayons de soleil moins timides que les autres, sortent de derrière les nuages et illuminent le plateau désertique que nous traversons. Quel plaisir de voir son ombre s'allonger sur la neige fraîche mais l'embellie n'est que de courte durée et le reste du parcours se déroule sous les nuages.
Une halte à midi pour manger et avant de repartir un petit tour aux toilettes (toujours à la romaine) s'impose. Cet exercice est rendu périlleux par la présence de gel dans le cabanon et par les rafales de vent qui font claquer les portes, Bravant tous les dangers, .ANNIE s'engouffre raquettes aux pieds et sac sur le dos, telle une tortue géante, dans le petit cabanon. Elle en ressort sur ses 2 jambes à ma grande surprise. Quelle acrobate cette ANNIE!
Le trajet de l'après-midi se déroule dans le silence. Chacun avance comme un automate, les yeux fixés sur les raquettes de devant, l'esprit vagabond. De temps à autre je casse les glaçons qui se forment sur la joue au vent d'EUGENIE Quelques kilomètres a travers une forêt de bouleaux biscornus et nous apercevons un immense chalet brun: STORULVAN. A sa gauche, une petite cabane. " Avec un peu de chance, la petite cabane sera pour nous " dis-je dans un sourire congelé. Oui, la modeste petite cabane était bien pour nous! tous les lits du luxueux refuge étant occupés par des sportifs venus pour une compétition.
Nous nous installons et avant d'aller prendre notre sauna dans le grand chalet " pas pour nous " PASCAL donne quelques consignes . " Restez calmes les filles quand vous verrez les gaillards suédois. " Et nous, les filles, de répondre en cœur " Comment veux-tu que l'on reste calmes alors que ça fait si longtemps que nous n'avons pas vu de beaux garçons ! " Moues boudeuses de nos compatriotes males.
Décontractés et lavés de notre sueur, nous dégustons de délicieuses spaghetti (merci CLAIRE) et buvons du vin (d'Afrique du sud mais du vin quand même). Merci EUGENIE (gagne plus souvent aux cartes !). Repus, nous retournons à l'aveuglette dans notre petit chalet.
Au réveil, l'idée que la dernière journée de notre raid est arrivée me serre le cœur. Heureusement, les 10 personnes qui s'activent autour de moi ne me laissent pas le temps d'y penser. Comme dans une fourmilière, chacun vaque à ses occupations et bien vite les sacs sont bouclés, les lits sont faits et le petit déjeuner avalé. Juste le temps de faire une toilette de chat dans le chalet d'à côté (et d'une douche pour NICOLA5 le plus coquet d'entre nous) et nous voila partis.
Aujourd'hui nous allons longer Ici route coupée par la neige, qui rejoint le village d'ENAFORS (à 16 Km). De là, nous prendrons un bus ou peut être un train qui nous ramènera à STORVALLEN et la boucle sera bouclée.
PA5CAL dont la poulka est vide marche d'un bon pas en tête du cortège (l'appel de la maison ou l'envie de se débarrasser de nous ?). Derrière la colonne s'étire et bientôt les retardataires se retrouvent à plus de 100m des premiers. Nous marchons le plus souvent à l'abri du vent. Il fait bon et les congères immaculées sont digne d’être photographiées (dommage, mon unique pellicule est déjà pleine de souvenirs)
A midi et pour la première fois, nous mangeons dehors. Une clairière de poudreuse nous sert de salle à manger. C'est l'occasion pour EUGENIE et moi d'essayer de faire manger un peu de neige à NICOLA5. Nos assauts ne sont pas tout à fait vains mais la riposte ne se fait pas attendre. Et d'après mon expérience je peux vous dire que la poudreuse n'a pas franchement mauvais goût mais la sentir fondre dans le dos ne constitue pas vraiment un plaisir. Enfin, il fallait bien que quelqu'un fasse des concessions!.
Une heure plus tard nous reprenons la marche. Arrivés au tronçon ouvert de la route, nous déchaussons nos raquettes et continuons à pied. Les plaques de glace que cache la neige nous font faire des pirouettes périlleuses.
En attendant le bus pour STORVALLEN, nous nous réchauffons dans la petite gare de la ville. Nous y retrouvons un groupe de jeunes suédois déjà croisé à STORULVAN. Il règne dans la pièce une atmosphère détendue. Assise à une petite table en bois, une suédoise déballe minutieusement les mets de son repas quelques œufs durs aux coquilles étonnement blanches, un concombre, une pomme. Sur un banc en face, une autre engloutit un nombre impressionnant de hot-dogs. Je la regarde . Elle a tout a fait le type scandinave , un visage ovale, des cheveux claires, des yeux bleus, une peau blanche, un nez droit et légèrement retroussé. Contrairement aux idées reçues, les suédois ne sont pas tous grands. Elle par exemple, doit mesurer lm 60.
Nous restons une demi heure ainsi avant que JEAN-NOËL vienne nous chercher. Le bus est en fait un taxi camionnette de 6 places. Par galanterie (une fois n'est pas coutume) les garçons nous laissent la priorité. Nous sommes donc les premières à arrivée au gîte de STORVALLEN.
Pour notre dernière soirée avec lui, PASCAL nous à composé un repas de fête à base de pommes de terre et de harengs à différentes sauces. Une crème au chocolat finit de nous rassasier. Comme on pouvais s'y attendre c'est également l'occasion de chahuter une peu (qui aime bien châtie bien comme dit la maxime). Un couple de vieux suédois réveillé par le bruit "léger" que nous faisons vient voir de ses propres yeux l'étendu des dégâts. Il repart bien vite se coucher en maugréant,. " Diables d'étrangers! ". Vers 22h, les lieux nettoyés, EUGENIE, CLAIRE et moi décidons de nous coucher. Cela aurait été possible s'y nous n'avions pas enfermé notre clé de chambre à l'intérieur de sorte que nous sommes à la porte! La gardienne est de plus sortie. Il ne nous reste plus qu'à se partager les deux lits vacants (deux lits pour trois !).